Associer sobriété énergétique et travaux de rénovation énergétique

Priorité I - Favoriser les économies d’énergie réelles

L’exemple allemand, qu’une fois n’est pas coutume la France serait bien avisée de ne pas en tirer les enseignements, a fait naître un certain scepticisme : tel un canard sans tête, l’État n’avancerait-il pas à l’aveugle en finançant une politique qui, au mieux, n’aurait qu’un impact écologique et social limité ? En cause : la hausse du coût de l’énergie ou encore “l’effet rebond” constaté chez nos voisins d’Outre-Rhin, c’est-à-dire une utilisation accrue d’un équipement liée à la diminution de son coût. Le risque d’un décalage entre volume d’économies d’énergie estimé en amont des travaux, et économies d’énergie réelles “sur la facture” existe par ailleurs bel et bien.

Pour que les pouvoirs publics français ne tombent pas dans ces écueils, il faut sortir de la logique des travaux “par geste” et de la politique du chiffre à partir de laquelle s’est structurée la filière depuis 10 ans. L’interpellation de la Cour des Comptes sur le dispositif MaPrimeRénov’ en est un signe. Adopter une approche globale, tant dans la rénovation du bâtiment, que dans le choix des matériaux, garantir contractuellement la performance des travaux et prévenir l’effet rebond par la pédagogie voire les outils digitaux, doivent être les trois piliers du modèle français de l’efficacité énergétique. 

Associer sobriété énergétique et travaux de rénovation énergétique

La grande majorité des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine provient de l’utilisation de l’énergie. Leur réduction passe non seulement par l’amélioration de l’efficacité énergétique, mais également par la sobriété des usages. Ne pas tenir compte des usages serait s’exposer au phénomène de l’effet rebond, un effet paradoxal des progrès en matière d’efficacité énergétique : les économies réalisées ne sont pas synonymes d’une moindre consommation, mais entraînent au contraire une négligence engendrant une augmentation de la consommation des équipements concernés. Concrètement, les occupants d’un logement mieux isolé, profitant de surcroît des prix des énergies fossiles en baisse depuis 2013, pourraient être tentés de privilégier le confort aux économies d’énergie en préférant se chauffer à 22°C, au lieu de 2O°C.

On touche là à l’un des principaux facteurs d’échec des politiques de rénovation énergétique des bâtiments, qui justifie un changement de paradigme très bien décrit par le président de la GdW, fédération allemande de sociétés immobilières, Axel Gedaschko, dans un rapport publié en juillet 2020 : “Il faut cesser de regarder la consommation d’énergie théorique d’un bâtiment, mais mesurer les émissions réelles (...) Nous devons abandonner les rénovations énergétiques et les isolations de plus en plus chères, et opter pour une fabrication d’énergie décentralisée faible en carbone, avec des techniques numériques d’évitement des émissions”.

Le groupe Hellio défend cette vision et milite pour un modèle français d’efficacité énergétique alliant rénovation globale, sobriété énergétique et efficacité des travaux garanties contractuellement.

De cette vision découle une conviction forte : la mesure de la performance énergétique est incontestablement une opération d’économies d’énergie, car elle agit sur les comportements. Les systèmes de mesurage, de régulation et de pilotage (compteurs, applications de suivi de consommation, appareils type thermostats…) donnent aux consommateurs les cartes en main pour détecter et résoudre par eux même les dérives de consommation ou encore vérifier la performance réelle d’une action de performance énergétique. Ces outils sont trop peu associés à la réalisation de travaux, surtout dans le résidentiel, alors même que le suivi et le “pilotage“ de la consommation par les utilisateurs permettraient de combattre l’effet de rebond.

Proposition 05

Restaurer une aide financière incitative à l’installation de systèmes de mesurage, de régulation et de pilotage de la consommation d’énergie, conditionnée à la réalisation préalable de travaux d’isolation ou de chauffage

Cette mesure aurait un effet incitatif sur la mise en place de systèmes de comptage, de suivi de consommation d’énergie permettant d’induire les comportements et usages avec la perspective d’atteindre une diminution de consommation d’énergie de l’ordre de 0,6 à 6 %, pouvant aller jusqu’à 15 % si est intégré un dispositif de pilotage.

Cette démarche a déjà été défendue par le passé par le groupe Hellio pour les secteurs de l’industrie et du tertiaire pour subventionner via les Certificats d’Économies d’Énergie l’installation de compteurs de mesurage de la consommation, mais aussi de systèmes de pilotage de la consommation plus complexes comme les systèmes de Gestion Technique de Bâtiment (GTB).

Dans le résidentiel, le Coup de pouce Thermostat avec régulation performante, permettant aux propriétaires ou gestionnaires de logements individuels équipés d’un chauffage individuel de bénéficier d’une prime forfaitaire de 150 €, a été un échec relatif. L’installation de thermostats dans 100 000 foyers au 31 décembre 2021 était visée par le gouvernement. Or, entre son lancement en juin 2020 et avril 2021, 48 161 logements ont été équipés dans le cadre du dispositif des CEE.

Ce dispositif ne sera pas reconduit au-delà du printemps 2022 alors que le besoin initial est réel. Les motifs : faute de professionnels prêts à répondre à la demande, du montant insuffisant de la prime par rapport aux prix pratiqués, d’un risque d’arnaques faute d’anticipation de la filière, etc.

Forts de ces enseignements, une nouvelle aide publique ou privée (CEE) devrait être étudiée et mise en place pour atteindre les objectifs fixés à juste titre par pour réduire la consommation d’énergie.

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